Je rencontre Jeanne, chez elle, dans le quartier du Carnier à Beausoleil, dans un dédale d’escaliers, de passages. Beausoleil, accrochée au flan de montagne, juste au dessus de Monaco, est une ville faite d’escaliers, de rues en épingles à cheveux, d’ascenseurs et d’escalators de rue pour faciliter la circulation des piétons. Deux villes, deux états, séparés par une rue : tout en bas la mer et le quartier de Monte-Carlo à Monaco, en haut Beausoleil avec le Riviera Palace qui délimite le haut de la ville. Le Carnier est situé juste en dessous du Riviera. Jeanne vit seule et comme toutes les personnes âgées de Beausoleil, monte et descend ces escaliers pentus et grâce à cela, parait il, garde une bonne santé physique.
” Mon papa travaillait au gaz de Monaco, il était releveur de compteur de gaz et maman était blanchisseuse à la maison. Elle allait chercher le linge chez les gens et le lavait là. On était nombreux comme enfants, on jouait dehors, on faisait quelques bêtises et les parents se réunissait de de l’autre côté de la rue, pour la St-Jean.
On faisait le bal de Saint-Jean dans le quartier, dans la rue de l’autre coté, les parents des propriétaires de l’allée, on mettait des tables et la musique c’est le frère d’un voisin qui jouait de l’accordéon.
Le soir les parents dansaient et nous on s’amusait différemment, je suis allée à l’école de Beausoleil, c’est l’école qu’ils ont fait tomber sur la place de mairie. Il y avait une institutrice qui est un peu plus sévère que les autres, mais autrement ça allait, on s’entendait tous bien avec les camarades.
D’abord j’ai fait des ménages, je gardais des enfants, j’ai élevé ma filleule. J’ai fait beaucoup de ménage comme employée de maison, j’ai travaillé trois ans à Morzine, j’étais employé chez les patrons du Riviera palace. Je partais avec les patrons, un bon signe je gardais les enfants et je faisais tout, ils vous prennent pour une chose et en fait, ils font vous faire tout.
Il y a de la vie à Morzine, il y avait tout et après on revenait au Riviera palace et après j’étais trop fatiguée, je suis resté ici, j’ai tout le temps fait des ménages, un jour chez l’un, un jour chez l’autre. J’ai arrêté, j’ai quitté le travail pour la retraite.”